Et le 13 Juillet, sous les étoiles de Telmare, Anna naquit. Rousse comme l’était sa mère, couleur du feu et de la force. Son père la détesta : comme tout père Roi il voulait un garçon. Le bébé ne resta qu’entre les mains de sa mère, toujours protégée par cette dernière. Elle ne demandait rien de plus. Son mère lui donnait tout l’amour dont elle avait besoin. Mais bien vite l’attention qui entourait Anna disparut. Sa mère donna naissance à Esmeralda, sa sœur, et le nouveau bébé attira toutes les attentions de la femme. Anna, alors âgée de 4 ans, vit très mal le fait de passer après quelqu’un d’autre. Elle devint froide et chercha par tout moyen d’attirer à nouveau un peu d’attention sur elle.

C’est en son père qu’elle trouva l’attention dont elle avait besoin. Le roi n’accordait pas plus d’attention à sa sœur qu’il en avait eue pour elle. Elle chercha donc à attirer le roi dans ses filets. Plus le temps passait plus elle devenait l’enfant parfaite. Elle suivait ses cours, copiait les façons de faire de son père, mettait ses plus belles robes pour lui. Très vite, il reconnut sa fille. Petit à petit ce fut lui-même qui la forma. Elle apprit les plus grands rituels pour devenir la meilleure Reine une fois plus grande. Elle rêvait du trône. Lors de ses balades son père la prenait sur sa monture et ensemble ils visitaient la ville dont elle serait un jour la gouvernante. Son père lui racontait ses batailles, ses combats pour gagner la richesse, la puissance et la jeune enfant de sept ans ne rêvait que de cela. Elle voyait combien tout le monde respectait son père, combien l’attention n’était attirée que par eux deux. Elle était le centre du monde, enfin.

Puis à ses neuf ans sa mère mourut. La jeune enfant ne fut pas troublée, au contraire. Elle fut joyeuse tout en le cachant. Son père se désespérait, sa sœur aussi et elle le soir elle riait. Très intelligente, formée par le meilleur, elle a rapidement compris que la mort de sa mère signifiait plus de possibles héritiers et donc que le trône lui reviendrait. C’est ainsi que Anna commença à se comporter en reine. L’enfant n’avait que neuf ans mais elle commençait à acquérir du pouvoir. Les servants se mirent à craindre la petite fille. Craindre ses coups de colère et ses caprices car son père ne voyait que la perfection en sa fille et lorsque les employés se plaignaient ils étaient rapidement renvoyés ou punis par le Roi, sous le regarde heureux et sadique de la jeune enfant.

Un an passa où le Roi calma sa peine grâce à l’évolution de sa fille. L’enfant continuait de passer son temps à devenir la personne qu’il voulait qu’elle soit. Les belles robes, le mensonge, le paraitre, elle maîtrisait tout cela. La domination de ses servants, elle le maîtrisait. Elle était parfaite. Mais pour elle ça ne suffisait pas pour être une Reine. Il lui fallait plus. Elle était persuadée qu’ainsi elle n’aurait jamais la puissance de son père.
C’est le remariage de son père qui lui permit un peu plus d’évasion. Il s’occupait finalement autant de sa fille que de sa seconde-femme, femme qu’Anna détesta. A cause de cette dernière elle n’était plus le monde de son père mais de plus elle avait une ennemie potentielle. Car cette femme pouvait faire naître un garçon et si son père mourrait cette femme serait la Reine. Cette vulgaire femme. Anna décida de faire néanmoins bonne figure. Elle l’ignorait, la rabaissait mais cela seulement lorsque son père n’était pas présent.
Et un an après un garçon naquit. Les rêves, les espoirs, le futur d’Anna fut détruit. Quelque jours après la naissance, alors que tout le monde dormait, elle prit un couteau et s’apprêta à tuer le bambin. Mais elle ne put le faire. Etait-ce parce qu’elle était amadouée ou parce qu’elle réfléchit à la conséquence de son acte ? De toute manière elle ne fit rien.
Petit à petit toute l’attention de son père fut envers son fils prodige et tant souhaité. La jeune enfant était mise à l’écart. Elle devint de plus en plus brutale et froide. Les servants firent les frais de ses colères et peines. Mais l’attention détournée de son père permis à l’enfant de commencer à devenir ce qu’elle pensait être la meilleure princesse. Elle prit des cours d’équitation et d’épée afin de, une fois au trône, pouvoir augmenter la taille du royaume. Dure envers elle-même, elle remontait à chaque chute, et pansait chacune de ses blessures. Son maître d’armes et d’équitation n’avait eu d’autre choix que de satisfaire les désirs de la petite de peur de se faire tuer.

A ses quinze ans elle s’enfuie. C’était plus dans l’espoir de donner une leçon à son père plutôt que d’apprendre la vie, le monde. Elle traversa les pays à cheval, cachée, cherchant à connaître les meilleurs endroits à prendre une fois qu’elle serait sur le trône. Cette fuite l’a faite murir et lui a encore plus donné envie de réussir son projet. Elle était désormais prête à tout pour tuer Jason et réussir là où elle avait échoué quelques années plus tôt. Elle tua des hommes lors de sa fugue, elle usa d’autres. Elle usa des hommes comme des femmes d’ailleurs, s’offrant aux deux s’ils pouvaient lui apporter quelque chose, jouant avec son corps comme avec un fil. Durant sa fuite elle apprit aussi l’utilisation du poison. Elle était désormais prête.

Elle rentra au royaume. Cinq longues années avaient passées. Elle vit son père, fou de joie de la retrouver. Désormais son attention était partagée entre elle, son fils et sa belle-femme. Mais ce n’était pas assez pour la princesse. Elle voulait plus. Beaucoup plus. Elle tenta de tuer Alicia plusieurs fois mais rien ne réussit, à chaque fois une servante mourrait car on découvrait le poison. Elle tenta de tuer Jason aussi, de le rabaisser auprès de son père mais le Roi ne disait rien. Trop occupé par sa guerre pour s’occuper de son fils. Elle détestait la relation qu’avait Jason avec sa sœur. Jason était un bâtard pour elle, il n’était pas de la famille et sa sœur le préférait à elle. Elle se mit donc en tête de tuer sa sœur aussi.

Toujours avide de conquérir du territoire une fois Reine, elle commença à espionner les réunions de guerres et d’attaques orchestraient par son père. Elle continua à s’entraîner à l’épée en cachette. Elle continua à fuir parfois pendant des semaines à la recherche de nouvelles stratégies ou de nouveaux poisons. Son père ne se préoccupait plus d’elle, tout n’était que focalisé sur sa guerre.

Finalement elle en eut marre d’attendre. Cette impatience ce fit connaître dans son cœur le jour où elle découvrit un camp d’Insulaires. Elle avait vingt-quatre ans, rongée par le désir d’avoir le trône et par la peur de le perdre. Elle utilisa ses charmes pour entrer dans le camp sans se faire tuer. Une fois devant leur chef elle fit un deal : elle les conduisait au château et les aidait à entrer mais ils ne faisaient que prisonnier son père et ils tuaient toute sa famille et aussi, ils lui donnaient le trône.
Elle fut stupide de les croire. Elle s’en rendit compte la nuit où les soldats entrèrent dans le château, tuèrent son père, laissèrent sa belle-mère en vie et abusèrent d’elle avant de la laisser dans la cour, dans le froid, anéantie. Sa sœur et son beau-frère avait fuis quelques jours auparavant. Elle avait tout perdu en une nuit et elle resta dans le château, son château, pleurant des jours, des nuits. Elle se reprit, nettoya le château des morts, enterra le corps sans tête de son père. Anna est maintenant prête à se battre pour récupérer son pays comme elle s’est battue pour remonter son château. La seule ombre qui reste est bien sûr sa belle-mère.