Au fil du temps, de ces mois, de ces années passées sur terre, Neda a bien appris. Dans sa grande naïveté, elle avait cru que tous les hommes étaient bien, qu'ils avaient un fond de douceur, une humanité qui l'attirait irrémédiablement. Mais tous les anges ont leurs démons et la jeune sirène en rencontra certain dont la cruauté l'effrayait. Cependant, elle gardait cet espoir que l'homme était bon par nature, qu'on pouvait, en creusant bien, trouver un espace pur et beau dans leur cœur.

Bien qu'elle soit du coté des Narniens, œuvrant pour les 4 rois, Neda désirait rester neutre. C'est pourquoi aujourd'hui elle se lançait pour la deuxième fois dans l'aventure Telmarienne. La première fois qu'elle s'y était rendue, ce ne fut pas très encourageant. Une rencontre étrange et inquiétante d'une femme dont le comportement insistant et quelque peu pervers l'avait amené à fuir. Mais le passé est derrière, il ne reste que le présent.

Ça y est, elle a franchit sans encombre la grande porte de la cité. Une longue capeline entoure ses épaules et protégé son visage du froid, sans vraiment chercher à le dissimuler. Des boucles blondes s'en échappent et on peut nettement apercevoir ce sourire léger et franc et surtout ce regard pétillant et envoûtant d'un bleu profond, océanique. Ses pieds sont enfermés dans des sandales à son grand regret. Neda se sentait comme prisonnière et enfermée, elle aurait tant aimé foulée de ses pieds nus les pavés de Telmar. Hélas, il fallait bien faire preuve de normalité pour éviter de faire la même erreur que la dernière fois.

Bien qu'elle ne le remarqua pas, la sirène ne passait pas inaperçu. La plupart des hommes et des femmes croisant son chemin se retournait, comme hypotonies. Le charme des sirènes était indéniable, fatal même pour ces pauvres marins inconscients. Elle ne vit pas cet homme se retournant subitement sur elle et trébuchant dans la boue, elle ne remarqua pas cette femme tentant de frôler sa main, de laisser ses doigts s'entremêler dans ses boucles blondes. Rien. Neda était plutôt obnubilée par les perles exposés sur les stands du marché, par les étoffes soyeuses et colorés. Tout était si merveilleux. Du bout des doigts, elle effleure ces précieuses choses. On lui dit quelque chose ! Qu'on lui fait un prix ? Prix ? On parle d'argent ... Quelle est cette chose ? Sa tête s'incline légèrement sur le côté et dans son regard envoûtant, une myriade de question,ne comprenant rien des mots de cet homme.

C’était vraiment merveilleux, toutes ces couleurs, ces textures. L’homme situé derrière le marché de perles prit entre ces doigts un collier de perles et le mit presque sous son nez, la narguant littéralement et dictant un prix dont elle ne comprenait pas le sens. Elle se contente de hausser les épaules, affichant une mine contrite et teintée d’incompréhension. L’homme repose un peu déçu le bijou et ne détourne le regard que quand une jeune femme vint à ses côtés. Il ne devait pas donner l’impression de la dévorer du regard, si sa femme venait à débarquer, elle lui ferait surement la peau. Neda sursauta un peu lorsque cette femme encapuchonnée débarqua sans prévenir, lui adressant la parole. « Bonjour. Je doute que tu pourras acheter cette perle, c'est vraiment très cher. » Acheter ? Sa tête s’incline légèrement sur le côté, signe de son incompréhension. Le regard de la rousse sembla vérifier les alentours avant de se pencher à son oreille. « Mais je pense savoir comment tu peux l'avoir sans payer. »

La jeune femme se redressa un peu et plongea son regard dans le sien. Elle ne semblait pas lui vouloir de mal, pas comme cette femme qu’elle avait croisé il y a quelque temps, avec son comportement étrange et brutal. « Payer ? » Elle répète les propos de cette femme, puis son visage s’illumine soudainement. « Des perles, je peux en trouver comme j’en veux. Il y en a même des plus grosses que celle-ci !». Elle pointe sans gêne la fameuse perle. « Mais j’aimerai avoir ça. » Son doigt se dirige alors vers une bague en or, sertie d’une perle blanche, nacrée, magnifique. « C’est quoi ce cercle jaune ? » Elle parlait de l'or évidemment. Dans l'océan, elle n'avait pas tout cela, cette richesse. Les perles étaient bien communes pour elle, mais ce truc là était si beau, si brillant, tellement éclatant.

Neda regardait avec fascination la bague que la jeune femme faisait tourner entre ses doigts avec une certaine agilité.

« ANNA. »

« NEDA »

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