Calormen. Ville de lumière et pourtant emplie de ténèbres. En apparence la cité était belle, magnifique même. Riche, éblouissante. Oui tellement riche que tout pouvait s’y acheter. Absolument tout. L’esclavage était de mise ici. Dans toutes ses formes. On vendait la force de travail, l’intelligence et les corps. Sans le vouloir, contre ma volonté, je faisais moi-même les frais de cet esclavage. Depuis que ce marchand Calormen m’avait demandé en cadeau à Miraz qui se  foutait pas mal de perdre une servante, j’avais atterri au bordel de la capitale de la débauche. L’alcool y était pour beaucoup bien sur et souler les hommes pour les rendre impuissants était un moyen comme un autre d’être d’échapper à leur soumission.
Mais le meilleur moyen pour lutter contre cette infamie était encore la solidarité. Les bordels étaient remplis de filles apeurées pour la plupart bien plus jeune que moi, ce qui me dégoutait d’autant plus et augmentait toujours davantage ma soif de vengeance. Cela dit, il y avait également des personnes à mon image. Des filles fortes prêtent à tout pour saisir leur revanche. Des filles comme Lydia.

Je ne pouvais que plaindre la blonde. Son corps était mis à disposition de toutes les personnes traitant avec les Calormens. Ainsi ils pouvaient se montrer plus conciliants sur certains points de négociations…. Toute cette mascarade avait été mise en place pour la reine Uneakor elle-même ce qui était d’autant plus immonde à mes yeux. Comment une femme pouvait-elle accepter de vendre le corps d’une autre ? Comment pouvait-elle seulement le concevoir ?! Tout cela me dégoutait plus que tout, et la reine perdrait pour ces actes atroces comme les autres. Nous nous vengerons d’elle aussi, le moment voulu.
Pour une fois, le bordel était plutôt calme et j’avais décidé de saisir l’occasion pour aller me pavaner dans les couloirs du château. De toute façon je savais que je pourrai trouver l’excuse habituelle d’aller retrouver un homme qui m’avait demandé si on me questionnait. En réalité, je comptais retrouver Lydia une nouvelle fois pour parler de nos plans de vengeance. Je me montrais jusqu’ici plutôt patiente mais je savais que bientôt mon impulsivité me conduirait vers des actes qui pourraient me mettre en danger…. Parcours le labyrinthe qu’était le château je suivis le chemin habituel pour rejoindre mon amie. Bien sur comme toujours les regards se tournèrent vers moi, mais j’avais appris à les ignorer depuis le temps.

Laissant le léger voile de tissu qui me servait de robe voler au gré des courants d’air, j’arrivais enfin à destination. Vérifiant que personne ne m’observait et j’étais bien seule au milieu du couloir, je finis par frapper trois coups secs sur la porte des appartements de Lydia. Ne l’entendant pas répondre, ni bouger je renouvelais mes coups, avant de parler. « Lydia c’est moi Naïla ouvres s’il te plait ! »