Mes pas me mènent directement dans un lieu qui m’est bien plus que familier. La grande place de Telmar. Tant de souvenirs me relient à cet endroit. Non correction faite, tant de souvenirs me ramènent à Telmar. Bons comme mauvais évidemment. Mais j’ai toujours vécu ici et mon cœur se serre à cette pensée. Je pourrais facilement revenir ici, si des personnes ne me poussaient pas à repartir en courant dans le camp Narniens où au final je suis bien plus tranquille. Loin de mon ‘père’ et de ces menaces. Mais cela m’étonnerait que je le croise. Cela m’étonnerait qu’il se promène au milieu de la foule en cette jolie soirée. A cette pensée je me détends et admire les décorations lumineuses apprêtées pour cette soirée spéciale. Pour le retour sain et sauf d’Esméralda à Telmar. Peter aurait-il accepté de la laisser rentrer saine et sauve justement si je n’étais pas intervenue ? Grillant par la même occasion ma couverture à Narnia… Mais bon, cela valait le coup. Pour elle.

Je m’arrête un instant pour admirer la grande place qui m’avait tant manquée. Au fond de moi j’espérais croiser Nathan ou son père qui me manquait tant. Mais je savais parfaitement que ces retrouvailles seraient dures et très douloureuses. Parfois, je ne souhaitais qu’une chose. C’était redevenir la petite fille jeune et insouciante qui avait encore sa mère. Tout avait changé et je m’étais embarquée dans une aventure qui me dépassait totalement. Mais je devais y faire face que je le veuille ou non. Je souris en voyant tout ces gens heureux qui ne se doutent pas de ce qu’il se passe dans leurs dos. Qui ne vivent pas en plein cœur de l’action et qui mènent leurs petites existences paisiblement en profitant de cette fête. Malgré tout, je me sens encore comme chez moi ici… Bizarre ? J’en oublierais presque de rester discrète. J’ai envie de danser et de m’amuser comme tout le monde comme si de rien n’étais. Oserais-je ? Oserais-je faire comme si de rien n'étais alors que je sais pertinemment que rien ne sera plus comme avant ? Seulement je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je reste là hésitante sur le côté, avec ma capuche bien visée sur ma tête cachant ma chevelure et partiellement mon visage, comptabilisant le pourcentage de personnes qui pourraient me connaitre et pesant le pour et le contre.

Regarder les gens rire, sourire et s'amuser... Ca avait le don de me mettre de bonne humeur. Oui vraiment. J'aime que les gens soient heureux. C'est aussi un peu le métier qui veut ça je pense. Quand on passe ces journées à faire en sorte qu'une personne aille mieux, on se sent vraiment bien et apaisé que lorsqu'un sourire illumine son visage. Alors seulement on sait que ce qu'on fait sert à quelque chose. Que tous les efforts que l'on fournit ne sont pas vains.

J'aime l'humanité et la nature humaine. J'aime quand les choses vont pour le mieux et que tout le monde est heureux -bisounours powa- je travaille dur pour ça. La preuve en est aujourd’hui. Je ne suis pas dans ma tente prête à sortir mes potions et médecine pour des patients, mais je suis là en mission commando. C'est pour la bonne cause... C'est pour la paix. Enfin j'essaye de m'en convaincre ...

Mes yeux se baladent sur les différents visages rieurs et heureux en cette soirée. A la lueur des lanternes je vois de tout. Des personnes âgées, des enfants, des gens en âge de se marier, des couples ... Alors que justement mes yeux viennent de passer sur un couple en les couvant du regard sans m'attarder dessus, mon cerveau me lance un signal d'alarme et m'ordonne de les détailler. Pris d'un coup de stress, c'est ce que je fais. Et mon cœur s'arrête de battre. Je le connais. Oh mon dieu... Non ce n'est pas possible! Mais bien sur que je les connais ! Il y a celui qui m'a été promis de force par Miraz et la fille que je déteste le plus au monde. Non non non ce n'est pas possible! Pas eux ! Pas maintenant ... Je ne dois pas risquer de me faire reconnaitre par eux.

Mais au moment même où je pense cela, mon fiancé se retourne vers moi. Je crois que nos regards se croisent, je n'en suis pas sur, car au même moment je réponds a ce que mon instinct de survie m'ordonne : fuir. Je me retourne rapidement et entreprend de traverser la foule d'un pas pas trop pressé pour ne pas être trop suspicieuses en espérant que les deux me perdent de vue et ne puissent me suivre. Et surtout qu’ils ne m’aient pas reconnu …