Notre enfance en Angleterre fut on ne peut plus paisible jusqu’à la guerre. Malheureusement, de la paix, Edmund n’a aucun souvenir. Selon lui, à la guerre il nous faut toujours revenir. Peu importe le monde, l’âge ou même l’instant. Puisque le passé est souvenir, que le futur est délire et que le présent, l’instant même n’existe pas.
Mon petit frère de deux ans mon cadet était pourtant né pour l’amour. Celui des siens, de ses amis, de sa famille ou même de ses conquêtes. J’ai toujours trop couvé mon petit frangin. Je le trouvais et le trouve encore adorable avec ses cheveux d’ébène et ses yeux perçants. Quel homme est-il devenu ! Bientôt, il rivalisera avec mon beau Caspian et les filles tomberont dans ses bras comme pour Peter. Il n’a pourtant jamais encore eu de bon contact avec elles .Je ne sais pas pourquoi.Ni avec Maman. Ni avec Lucy. Pas non plus avec des extérieures. Et surtout pas avec moi.
Le féminin, il s’en méfie. J’ai l’impression qu’il me rejette tout particulièrement. Lorsque nous sommes arrivés à Narnia, nous avons vite compris qu’il avait été victime d’une manipulation du Mal personnifié. J’ai tant supplié et agis pour le retrouver ! Par après, j’ai bien tenté de nouer la conversation avec mon petit benjamin.Mais ce fut sans succès.Il ne m’apprécie pas beaucoup et cela me rend triste.
J’ai commis des tas d’erreurs dans ma vie. L’Amour a toujours été ma faiblesse. Mais je me demande si j’aime de la bonne manière.
La semaine précédente, pour la première fois, j’avais eu une véritable discussion avec Edmund. Mais ses vagues réponses n’avaient réussis qu’à me peiner encore plus. Il était mal. Et ça se voyait.
Ce matin, après une nouvelle nuit de cauchemars incessants, je décidais de me lever. Je sortis hors de ma tente lorsque j’aperçus une ombre fuyant une autre tonnelle royale. En robe de coton immaculée dans l’aube pointante ,je m’emparais de mon arc ,parée à toute éventuelle attaque.Si jamais c’était encore un de ces voleurs je…

-Edmund ?

Mon petit frère était là , un balluchon à la main, se dirigeant vers les pâtures où broutaient les chevaux.

Je regardais Edmund d'un regard tendre et maternel.Peut-être même trop !J'avais l'habitude d'avoir la réputation de "petite maman" collée sur mon front.Et je ne pouvais m'empêcher d'admettre que c'était vrai.Ni de l'assumer,d'ailleurs.
Comme s'il avait été surpris à chaparder de la confiture,il se retourna vivement avec cette même expression de trahison que...Non.Il ne fallait plus y penser,tout problème a une solution.Et une explication ! Edmund allait vite m'expliquer ça.

-Susan ! Que fait tu dehors à cet heure ?
me demanda mon petit frère d'un ton inquisiteur.

Pour commencer des explications c'était raté.Au fond,je le savais depuis le départ,il y avait autre chose.

-J'ai entendu du bruit et j'ai simplement fait une ronde pour m'assurer que ce n'était pas un brigand.Mais je pourrais te retourner la question et...

Il me coupa pour se justifier :

-Susan, j’allais prendre un peu d’air avec mon cheval, je ne comptais pas partir bien longtemps.

Je le regardais perplexe.Il devança mes pensées en se brûlant les ailes :

-Tu peux te rassurer, je ne ferai pas de bêtises, je vais revenir en pleine forme et en un seul morceaux.

Revenir? Il a donc été un jour question de partir? Il me souriait paisiblement.Et ce n'était pas dans ses habitudes.Avec moi il était toujours grognon et avce Peter euphorique.Ses rares sourires qui m'étaient adressé était sincères et réfléchis.ce qui n'était,en l'occurrence,pas le cas.

-Ed',dis-je paisiblement en m'approchant et saisissant la bride du cheval blanc,comme si j'avais peur qu'il ne s'envole.Ed', tu sais très mal mentir.Et c'est pour cela que tu es "Le Juste".

Je marquais une pause et adoucissait encore ma voix,cherchant à le regarder dans les yeux.

-Edmund, toi et moi,c'est un peu comme l'eau et le feu. On s'est toujours repoussés et jamais compris. Mais au fond,je tiens à toi plus qu'à n'importe qui d'autre.
Tu connais la tradition des Pevensie,n'est-ce pas? Peter a promis de veiller sur moi,toi sur Lucy et moi ...sur toi.Je ne te l'ai jamais assez dit mais ...Je t'aime.