onjour! Je m'appelle Elora Silyan Deakin mais mes amis se contentent d' Elora. Je suis née à Narnia et j'ai vingt-deux ans. Côté coeur, je suis amoureuse de Peter mais célibataire, sachant que mon orientation sexuelle est hétérosexuelle. J'appartiens au groupe narnien. Je suis une personne douce, généreuse, souriante, pleine d'empathie; mais aussi obstinée, parfois maladroite, tête en l'air, réservée. On me dit que je ressemble beaucoup à Ashley Benson.

“ Sans doute est-il temps pour moi de prendre du recul sur ma vie. Oui, je crois bien avoir besoin d'un bilan concernant mon existence. Le premier -et j'espère que d'autres suivront dans quelques années. Je n'ai pas grand-chose d'autre à faire en ce moment. Mais je devrais probablement commencer par me plonger dans mon passé lointain; peut-être qu'ainsi je comprendrais mieux ce qui m'a amené à vivre comme je le fais en ce moment -si cela s'appelle vraiment vivre, ce dont je doute profondément. Voyons voyons, le tout début, eh bien ma foi, c'est ma naissance. Il y a plus de vingt années à présent. Je ne sais que très peu de choses concernant mes débuts sur les Terres d'Aslan. Je ne connais même pas l'identité de mon père, précisément. Je présume que c'est un Telmarin. En fait, je me suis rendu à cette évidence après toutes ces années passées à essuyer des silences en réponse à mes questions. Ceux qui se demandent si un enfant sent qu'il lui manque quelque chose -bien qu'il n'ait jamais connu ce quelque chose-, sachez bien que oui. Et pas qu'un peu. Car j'ai grandi avec seulement ma mère, et je dis vraiment par-là uniquement elle. Nous étions à deux, recluses dans la forêt Narnienne. Je n'ai pas connu cette période de faste que ma mère me contait chaque soir pour m'endormir -et qui, chaque soir, avaient d'ailleurs l'effet inverse: j'étais excitée comme une puce. L'âge d'Or de Narnia, et bien avant, et peu après; le Narnia sans Telmarins, le Narnia où les arbres dansaient, le Narnia où ni centaure ni faune n'avait à vivre tapis dans les bois. Car même du temps de la Sorcière Blanche, la glaciale Jadis, Narnia et les Narniens avaient tout bonnement le droit fondamental de vivre. Droit qui a été arraché aux miens bien avant ma naissance, avec l'invasion Telmarine. J'ai donc très vite appris à vivre cachée, silencieusement, à faire oublier ma présence aux animaux. Je ne me souviens pas avoir eût l'occasion de croiser beaucoup de Narniens avant mon arrivée au campement. En réalité, je ne me rappelle avoir croisé quelques animaux parlants dans la forêt qu'à partir de mes dix ans, lorsque ma mère me laisser m'aventurer à plus d'une demi-heure de marche de notre maisonnette. Très protectrice, toujours à l'affut du danger, j'admets l'avoir jugé excessive durant mon adolescence. C'est seulement en arrivant au campement, aux alentours de mes dix-huit ans, que j'ai compris ses raisons. Parce que c'est là que j'ai pu voir l'ampleur de la guerre. Avant, ça n'était qu'un mot, qu'une vague idée de conflit pour moi. Je n'avais pas saisi toute la violence et la tristesse que cela impliquait. Grandir avec pour seule compagnie ma mère avait eût l'inconvénient de me donner une image bien trop candide du monde. J'ai fini par voir mon erreur. J'admets que ça m'a fait un sacré choc. Alors j'ai tout de suite voulu aider; et les autres Narniens étaient si gentils, si agréables. Sans oublier que les héros des légendes de mon enfance étaient là, face à moi. J'ai d'abord été accueillie par la Reine Lucy. Plus jeune que moi, mais sur bien des points tellement plus sage, je l'ai toujours admiré. Et puis, elle est soigneuse, comme moi. Car oui, c'est ce que j'ai fini par devenir. Ma mère et moi avions depuis longtemps une parfaite connaissance de tous les bienfaits des plantes qui regorgeaient dans la forêt, et par temps de guerre, notre savoir pouvait s'avérer utile. La Reine Lucy nous a aidées à nous intégrer au camp, et j'essaie souvent de prendre exemple sur elle qui est si courageuse. Je n'ai que croisé la Reine Susan et le Roi Edmund jusqu'à présent. En revanche, j'ai très vite connu le Grand Roi Peter. J'ai toujours supposé qu'il s'arrangeait pour avoir parlé au moins une fois à chaque membre du campement. Mais c'est allé bien au-delà. Enfin, surtout pour moi. Je suis tombée amoureuse de lui. Et si quelqu'un pouvait mesurer mon rythme cardiaque à chaque fois que Peter est dans les parages, je suis persuadée qu'il penserait que le terme de « tomber » amoureux convient très bien. Seulement, de son côté... À vrai dire, je ne sais pas trop. Je bien l'impression qu'il m'apprécie, mais est-ce en tant que simple soigneuse ou en tant qu'amie, ça, je l'ignore. Je sais juste que depuis toutes ces années, il n'a pas l'air de s'être le moins du monde aperçut de mes sentiments. En tout cas, moi, j'ai bien apprit à le connaitre, et à l'épauler autant que possible. Le pauvre en a bien besoin. Ce n'est pas le seul dans ce cas -nous le sommes tous un peu, je le reconnais-, il y a aussi le Prince Caspian. Entre Peter et lui, c'est assez tendu. Par-là, je suis plutôt gentille. J'aime Peter mais je ne suis pas aveugle pour autant, je vois bien qu'il est parfois dur et injuste avec le Prince Telmarin. Je compatis, je n'aimerais pas avoir Peter à dos, il peut être terrible quand il veut. D'un autre côté, il faut aussi avouer que ce n'est pas Caspian qui essayerait d'apaiser la situation. Alors oui, au final, je finis souvent par prendre le partie de Peter, ou bien par rester en retrait tout en montrant ma compassion à Caspian. Mais comme tout cela est loin aujourd'hui! Des années ceux sont écoulées, et une étoile est passée. Et quel sacré effet a-t-elle eût! Les esprits du feu, de l'air, ou encore les sirènes... Toutes les créatures Narniennes ont pris forme humaine depuis le passage de cette étoile. Ils ont grossit nos rangs, parfois mit une sacrée pagaille, mais voir de nouvelle tête nous a tous fait du bien, et ça nous avait redonné espoir. Enfin, le mien s'est vite envolé quand cet esprit du feu, Eden, a conquis le cœur de Peter... Je dois avouer que j'ai beaucoup de mal à vivre avec ça. Certaines personnes l'ont d'ailleurs remarqué. J'avais fini par ressentir le besoin de m'éloigner, et pour ça je n'avais pas hésité à rejoindre les Iles Solitaires. J'y avais trouvé de précieuses plantes aux vertus médicinales incroyables. Mais j'avais aussi fait une rencontre qui me marqua beaucoup: celle de la Princesse Arizona. Brève rencontre, certes, toutefois un lien indéfinissable nous unit. Son Altesse a tout d’abord eût la bonté d’âme de me guider en son royaume, et j’ai pu y trouver des plantes médicinales fort précieuses. J’ai tenté en vain de soigner le Roi des Iles Solitaires à sa demande, son père, hélas, je n'ai pu qu'alléger ses souffrances. Le plus terrible reste pourtant la dernière attaque que nous avons subis. Le campement était à feu et à sang, j'avais beau être habitué à soigner nos troupes au retour du champ de bataille, j'ai sacrément paniqué. Je ne trouvais plus ma mère, je n'avais aucune nouvelle de nos cinq leaders, et ces cris... Tous ces cris, ces larmes, ces cadavres... J'en frissonne toujours. J'avais tout de même réussit à prendre un tant soit peu de contrôle sur mon esprit, avec le soutien de mes compagnons d'infortune. Nous avions pu rejoindre la tente des soins, noire de monde et rouge de sang. Ensuite... C'est assez flou. Il y avait Eden. Et dans quel état! La seule chose dont je me souviens nettement, c'est que sa vue me causait d'horribles nausées. Et encore, d'autres soigneuses avaient déjà fait beaucoup pour elle, elle était sortie d'affaire. Il y avait ce jeune homme à son chevet, je crois que c'est son frère. Je me rappelle avoir voulu apaiser les douleurs de celle que je ne supportais pourtant pas voir en temps normal. Et après... Je ne sais pas où j'étais, ni si j'ai eût le temps de m'occuper d'Eden ou d'autres, la seule chose qui reste est une sensation de douleur aigue et le soulagement de sombrer dans l'inconscience. Lorsque j'ai repris connaissance, la bataille était terminée. Apparemment, nous avions, sans savoir comment, repoussés les Telmarins. Il paraîtrait que j’ai eût le temps de me pencher sur l’esprit du feu, mais je ne m’en souviens absolument pas. Quelqu'un avait très certainement prit ma défense, parce que l'ennemi ne s'était pas autant acharné sur moi que sur Eden. En fait, je m'en sortais très bien par rapport aux autres. Physiquement, du moins. Sa Majesté Lucy a vraiment un cœur d'or. Elle m'épaule énormément depuis ce jour. Elle m'a même demandé de l'aider dans ses futurs projets, une fois totalement guérie. Nous projetons un voyage, à travers la grande forêt, avec un objectif bien précis : trouver d’autres résistants et renforcer ainsi nos troupes.  J'ai accepté sans la moindre hésitation. Je n'aurais peut-être pas dû, c'est ce que je pense aujourd’hui. Parce que je sursaute au moindre bruit, parce que j'ai peur de tout et de rien, parce que je ne sors plus de mon coin et que seule la force de la Reine Lucy m’encourage à avancer.  Je ne sais même pas où est Peter, ni comment s'en sort Eden, ni même comment vont les Narniens en général. Je crois qu'au fond, j'ai perdu espoir. ”